Concernant
d'éventuelles frappes préventives israéliennes contre le nucléaire
offensif iranien, David Isenberg dans Asia Times écrit (extraits
adaptés) : Les Iraniens connaissent les capacités israéliennes et savent
que cet Etat possède des bombes antibunker intelligentes fabriquées par
les Etats-Unis. Le programme nucléaire iranien est dispersé sur tout le
pays, le nombre de sites varie de 12 à 20, voire plus. Les
installations ont été construites en gardant à l'esprit les capacités
américaine et israélienne et sont protégées par un système de défense
antiaérienne moderne russe. L'élément essentiel du programme nucléaire
iranien est sans doute l'usine de Natanz. Le cœur du site est la zone
des centrifugeuses, installées sous terre dans une structure renforcée.
Mais même si Israël limitait ses cibles, il faudrait quand même qu'il
attaque d'autres sites. Par exemple, l'usine d'enrichissement d'uranium
de Fordo – elle a accueilli 3,5 % de l'uranium enrichi de Natanz –, près
de Qom, qui est plus récente et est hautement fortifiée. Ou l'usine de
conversion d'uranium d'Ispahan, l'usine de production d'eau lourde qui
est en construction à Arak et les centrifugeuses qui sont situées près
de Téhéran. Il y a près de 1'609 kilomètres à vol d'oiseau entre Israël
et le site de Natanz. Comme les deux pays n'ont pas de frontière
commune, les avions ou les missiles israéliens devraient survoler un
espace aérien étranger – et hostile – pour parvenir à leur objectif. La
méthode la moins risquée pour toucher Natanz, serait d'envoyer des
missiles balistiques à moyenne portée Jéricho I ou III.
Cependant,
pour aller aussi loin, les missiles devront avoir une tête plus légère
et on peut douter que celle-ci puisse s'enfoncer suffisamment dans le
sol pour obtenir le degré de destruction souhaité. L'option la plus
probable reste donc l'envoi de chasseurs bombardiers fabriqués aux
Etats-Unis. Les Israéliens possèdent vingt-cinq F-15l et une centaine de
F-16l. Le F-15l peut transporter quatre tonnes de carburant dans ses
réservoirs internes, ses réservoirs conformes et des réservoirs
détachables. Ce qui lui permet de parcourir environ 4'450 kilomètres. Il
pourrait encore étendre son rayon d'action en se ravitaillant en vol.
Le F-16l a un rayon d'action plus grand qui permettrait à l'aviation
israélienne d'attaquer des objectifs situés bien à l'intérieur du
territoire iranien sans devoir se ravitailler. Si on part du principe
que l'attaque se ferait par avion, reste à savoir par où les appareils
passeraient pour toucher des objectifs situés à 332 kilomètres à
l'intérieur du territoire iranien. Ils peuvent passer soit par l'Arabie
Saoudite, soit par l'Irak, peut-être même par la Jordanie. Chacune de
ces routes représente un aller de 1'930 kilomètres. Dans l'option Arabie
Saoudite, les avions partiraient du sud d'Israël, entreraient dans
l'espace aérien saoudien par le golfe d'Aqaba, le survoleraient sur
1'287 kilomètres pour arriver à hauteur du Golfe puis feraient 483
kilomètres dans l'espace aérien iranien. Comme l'armée de l'air
israélienne ne possède pas d'avions furtifs, on peut raisonnablement
s'attendre à ce que les appareils soient détectés pendant qu'ils
survolent l'Arabie Saoudite. Nul ne sait si la défense saoudienne
pourrait ou voudrait les arrêter.
-
L'Arabie
Saoudite craignant le programme nucléaire iranien, peut-être
détournerait-elle les yeux et affirmerait n'avoir rien remarqué (Note de
Michel Garroté : l'Arabie saoudite a déjà fait savoir qu'elle n'est pas
hostile à des frappes israéliennes en Iran). Si elle choisit de passer
par l'Irak, la force de frappe part du sud d'Israël, fait 483 à 644
kilomètres dans l'espace aérien saoudien, ou à la fois saoudien et
jordanien, pénètre dans l'espace aérien irakien le plus tôt possible,
puis parcourt les 805 kilomètres de l'Irak au Golfe persique. Passer par
l'espace aérien irakien risque de poser des problèmes politiques. Même
si les troupes américaines ont quitté les lieux, une traversée du pays
ne pourra se faire sans que les Etats-Unis ne le sachent et même sans
leur autorisation. La question, c'est de savoir si les chasseurs
bombardiers israéliens peuvent mener cette mission sans se ravitailler.
Le rayon d'action de combat – la distance qu'un appareil peut parcourir
aller et retour sans se ravitailler – est difficile à calculer et dépend
de l'armement embarqué, des réservoirs de carburant externes, du profil
de la mission, etc. Le rayon d'action de combat d'un F-15l ou d'un
F-16l équipé de deux réservoirs conformes, de deux réservoirs d'aile,
d'un armement correct est selon les meilleures estimations de près de
1'690 kilomètres. Chacune des deux routes possibles fait 322 kilomètres
de plus. L'appareil pourrait être équipé d'un réservoir externe
supplémentaire mais cela nécessiterait une réduction de l'armement, ce
qui ne serait peut-être pas un problème compte tenu de la précision des
armes dont dispose Israël. Reste la solution du ravitaillement en vol,
mais ce serait délicat car il devrait se faire en terrain hostile. Les
Israéliens peuvent réussir en théorie, mais le risque d'échec est élevé.
S'ils décident d'attaquer le site de Natanz, ils devront causer des
dégâts suffisamment importants dès la première attaque parce qu'ils ne
pourront pas procéder à des frappes sur les autres installations (Note
de Michel Garroté : ce dernier point est sujet à discussion).Michel Garroté
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