Trente millions d'euros est le montant
de la rançon qu’un mouvement dissident d’AQMI réclame pour la libération
des deux otages espagnols enlevés dans les camps de Tindouf (sud-est
algérien). Le Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l'ouest (MUJAO),
qui tient en otages le couple d’humanitaires espagnols, fait ainsi une
entrée fracassante dans l’univers du terrorisme sahélien à travers cette
exigence financière inédite, qui constitue le montant exigé le plus
important à cette date, soit près de 15 millions d’euros par otage. De
surcroit, le MUJAO vient de revendiquer un attentat à la voiture piégée
perpétré contre une caserne de la gendarmerie algérienne, au
centre-ville de Tamanrasset (1925 km au sud d’Alger), faisant une
vingtaine de blessés et d’importants dégâts matériels. Le choix de cette
ville est tout sauf fortuit, car Tamanrasset abrite depuis avril
2010, le QG du bureau de commandement de la coordination sécuritaire
entre les armées des pays du Sahel.
Le MUJOA, basé au Mali, serait
également à l’origine du kidnapping le 23 octobre 2011 de deux
humanitaires espagnols et d’une italienne dans le camp de Hassi Rabouni
près de Tindouf, fief des indépendantistes sahraouis du Front Polisario.
Gage de son activisme récent, l’organisation terroriste revendiquait
par ailleurs l’enlèvement du gendarme mauritanien, Ely Ould Moktar qui a
été relâché vendredi dernier en compagnie de la bénévole italienne
Roffella Urru. Ces deux derniers ont été relaxés en échange de la
libération par les autorités mauritaniennes, du djihadiste malien,
Abderrahmane Ould Amadou Al-Azawadi. Celui-ci avait été condamné par la
justice mauritanienne pour avoir pris en otages des ressortissants
italiens dans le nord de la Mauritanie en 2009. L'organisation
terroriste exigeait initialement la libération de deux de ses
combattants emprisonnés en Mauritanie, mais s’est finalement contentée
de la libération du seul Amadou. Pour le couple espagnol qui sont encore
gardés en otages au nord du Mali, le Mouvement Unicité et Jihad en
Afrique de l'ouest réclame 30 millions d'euros pour leur libération, a
précisé samedi un Malien qui joue le rôle d’intermédiaire dans cette
affaire, et qui serait, selon toute vraisemblance, en train de tenter de
mener à bien une délicate mission de négociation. Le MUJAO qui prône le
Jihad (guerre sainte) en Afrique de l'Ouest, serait selon un faisceau
d’indices convergents, une dissidence d'AQMI dirigée, selon des
experts, par des Maliens et des Mauritaniens et comprenant des
combattants algériens et d’autres pays du Sahel. Ayant eu vent de la
libération imminente de certains otages détenus par Al Qaïda au Mali, le
Ministre espagnole des Affaires étrangères José Manuel Garcia-Margallo
s’est envolé vendredi dernier à la hâte vers Bamako, pour être sur place
pour d’éventuelles négociations. Il a eu à ce sujet des entretiens avec
le président malien, Amadou Toumani Touré et son homologue malien
Soumeytou Boubeye Maiga, mais aucune révélation n’a filtré sur les
détails de ces entretiens. L'Espagne serait prête à
monnayer-secrètement- la libération de ses deux ressortissants comme l’a
laissé entendre le chef de la diplomatie espagnol le 12 février dernier
en déclarant que son pays « ne ménagera pas les efforts pour libérer
les otages sains et saufs".
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