Depuis notre « Enquête sous la burqa de la finance islamique
» en 2009, les banques islamiques ont ouvert leurs portes dans
plusieurs pays africains dont le Maroc, la Tunisie, le Sénégal et
aujourd’hui le Nigeria. Basée à Abuja, la capitale, la banque Jaiz
devrait contribuer à booster l’économie nigériane tout en respectant les
principes tels que l’interdiction de l’intérêt et de l’usure.
« Un rêve devenu réalité »
La finance islamique au Nigeria fait ses
premiers pas avec l’ouverture toute récente d’une première banque
islamique. Basée dans la capitale Abuja, la banque Jaiz dispose de deux
succursales dans les Etats musulmans de Kano et de Kaduna. Ces
succursales proposeront aux particuliers et aux entreprises du pays des
opérations financières conformes aux principes musulmans (l’interdiction
de l’intérêt et de l’usure, un meilleur partage des profits et des
risques entre les contractants, notamment). La banque compte poursuivre
son développement et ouvrir d’autres établissements dans les autres
régions du pays.
La finance islamique nigériane permettra
également de favoriser davantage les investissements, contribuant ainsi à
booster l’économie locale. M. Abdul-Lateef Adegbite, membre du Conseil
Suprême du Nigeria estime que sa mise en place est « un rêve devenu
réalité ».
Un sujet polémique au Nigeria
Certains chrétiens se sont opposés à
cette initiative accusant le directeur de la Banque Centrale du Nigeria
(BCN), le Lamido Sanusi, de favoriser davantage une religion.
L’Association chrétienne du Nigeria compte mener une action judiciaire
contre la BCN, si cette dernière ne retire pas la licence qu’elle a
accordé à la Banque Internationale Jaiz, qui permet de lancer les
services bancaires islamiques.
Ce débat opposant chrétiens et musulmans
était déjà apparu en été 2011 avec la déclaration de l’archevêque de
Lagos qui estime que la finance islamique représente une « autre méthode
de domination des chrétiens de ce pays ». Auparavant, des associations
chrétiennes avaient fait appel au Président du Nigeria, Goodluck
Jonathan, lui demandant de retirer ce projet.
La Banque Centrale nigériane rejette ces
accusations affirmant que les services bancaires islamiques ne sont
qu’optionnels, et non pas imposés, et visent à proposer une autre
alternative aux nigérians insatisfaits du système bancaire
conventionnel. En outre, elle est une alternative pour dynamiser
l’économie du pays en proposant des principes financiers moraux,
principes que l’on retrouve également dans le christianisme.
Les musulmans nigérians sont, quant à
eux, ravis de cette initiative qu’ils soutiennent totalement, en
accueillant chaleureusement la nouvelle banque Jaiz. Selon certains
consultants, la banque Jaiz aurait déjà discrètement proposé des
opérations bancaires afin de ne pas troubler davantage l’ambiance
socio-politique tendue qui règne au Nigeria à l’heure actuelle.
Le gouvernement nigérian devrait
communiquer davantage sur la finance islamique et ses principes
éthiques. La communication et la sensibilisation contribueraient à
éviter davantage de dissensions entre la communauté chrétienne et la
communauté musulmane du pays qui sont presque équitablement réparties.
Notons également, que la finance classique ne disparaitra pas. Les
particuliers auront donc le choix entre les différents systèmes.
Le système bancaire islamique existe
désormais dans près d’une cinquantaine de pays dans le monde de manière
plus ou moins avancée et connait un regain d’intérêt depuis le début de
la crise financière en 2008. D’après le rapport de
PriceWaterhouseCoopers publié en novembre 2011, la finance islamique
devrait croître entre 15 à 20% par an.
No comments:
Post a Comment