La tournure violente que prennent les
événements au nord du Mali entre rebelles touaregs et forces
gouvernementales, préfigure-t-elle une nouvelle donne au Sahel ? La question se pose avec d’autant plus
d’acuité que le gouvernement de Bamako fait état d’une connexion avérée
entre les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de
l'Azawad (Mnla) et l’Aqmi. Surtout que des dizaines de soldats,
peut-être une centaine, ont été égorgés ou froidement abattus fin
janvier dans la ville malienne d’Aguelhok, selon Bamako. Le modus
operandi ressemble à s’y méprendre à celui utilisé par les groupes
terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique, l’ex-GSPC algérien.
Ces
développements ont remis à l’ordre du jour les craintes suscitées par le
saccage des arsenaux de Kadhafi en 2011. Ce qui n’était que de simples
appréhensions il y a encore quelques mois, est en train de se
matérialiser dramatiquement sur le terrain de la zone sahélienne. Les
touaregs qui combattaient dans les rangs du dictateur libyen déchu, sont
finalement revenus au Mali les mains surchargées d’armes ultramodernes.
Les risques de contagion sont réels, surtout que les populations
touarègues sont partagées entre plusieurs Etats aux frontières
désertiques difficilement contrôlables. Mais ce qui inquiète le plus les
spécialistes, c’est de voir les rebelles touaregs, ces nomades qui
ignorent volontiers les frontières artificielles de leur désert
ancestral, faire cause commune durablement avec Aqmi et les groupes du
Polisario. Les uns et les autres ont peut être des objectifs différents,
mais ils ont la même connaissance du terrain et ont, de plus en plus,
recours aux mêmes procédés parfaitement éprouvés. L’enlèvement
d’occidentaux rapporte gros, à la fois en termes de rançons et de
publicité médiatique en Occident. Les nombreux otages occidentaux encore
aux mains de leurs ravisseurs et dont on ignore le sort, en sont une
parfaite illustration.
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