Friday, January 21, 2011

Un PPP pour un centre d’espionnage crée la controverse

Le projet de sous-traiter au privé la construction et l’entretien d’un immeuble abritant le Centre de la sécurité des télécommunications du Canada (CSTC) suscite l’ire d’employés syndiqués. Ces travailleurs craignent que des renseignements ultra-secrets puissent tomber entre les mains d’individus mal intentionnés. C’est ce qu’a expliqué à Argent le porte-parole québécois de l’Alliance de la fonction publique du Canada, Jérôme Turcq, dont le syndicat mène une campagne afin de bloquer ce projet de partenariat public-privé (PPP).

Selon ce qui a filtré du projet, c’est un consortium emmené par la compagnie australienne Plenary Properties qui décrocherait le contrat de construction et d’entretien des nouveaux bureaux du CSTC à Ottawa. Le syndicat évalue le coût de l’immeuble à 1 milliard $ et estime qu’Ottawa verserait 5 milliards $ à Plenary sur une période de 30 ans pour la construction et l’entretien.
Selon M. Turcq, on aurait tort de voir dans l’offensive du syndicat une simple réaction visant à protéger des emplois syndiqués. « J’ai moi-même travaillé sur une base militaire et je peux vous assurer que les contractants privés n’ont pas les mêmes obligations de sécurité que les employés de la base comme telle », a-t-il expliqué.
Un centre d’espionnage
Le CSTC est un peu l’équivalent canadien de la National Security Agency (NSA) américaine.
Cet organisme est responsable de fournir un service de renseignement de haute technologie afin d’appuyer les politiques étrangères et de la défense, ainsi qu’un service de protection des renseignements et des communications électroniques.
Le CSTC permet au Canada de maintenir des relations étroites avec ses partenaires dans le cadre du système d’espionnage anglo-saxon Echelon.
Le réseau Echelon est un système mondial d’interception des communications privées et publiques mis sur pied par les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
« Il y a des informations top secrètes et même plus que top secrètes qui transiteront dans cet immeuble. Une fuite pourrait mettre en danger non seulement le Canada, mais nos partenaires américains, australiens… », a affirmé M. Turcq.
Le processus d’octroi du contrat à un partenaire privé devrait se terminer « d’ici quelques semaines », selon le porte-parole du CSTC, Adrian Simpson.
Pour M. Simpson, les craintes des syndiqués sont toutefois infondées. « Les employés, privés et publics, sont astreints aux mêmes règles très strictes quand ils travaillent avec nous, notamment en devant s’engager à conserver secrets des renseignements à perpétuité », a-t-il indiqué.
M. Simpson souligne qu’une centaine d’entreprises privées travaillent de près ou de loin avec le CSTC, sans que les employés syndiqués n’y trouvent à redire. « Je préfère ne pas faire de commentaires sur les motifs derrière leur stratégie médiatique », a-t-il ajouté.
Selon M. Simpson, la construction d’un nouvel immeuble où 2000 personnes pourront travailler est devenue indispensable en raison de l’explosion des effectifs du CSTC depuis le 11 septembre 2001. « Nous n’avons clairement plus de place où nous nous trouvons », a-t-il indiqué.
Sans vouloir dire combien coûteront la construction et l’entretien du nouvel immeuble, M. Simpson a souligné que les chiffres fournis par le syndicat sont « nettement exagérés »

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