Le parquet de Paris a annoncé vendredi soir l'ouverture d'une enquête préliminaire confiée à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) sur l'affaire d'espionnage industriel qui secoue le constructeur automobile Renault. La nouvelle intervient au lendemain du dépôt par Renault d'une plainte contre X.
Une longue et délicate enquête se profile pour lever les zones d'ombre de l'affaire d'espionnage industriel au bénéfice d'une «puissance étrangère» pour laquelle Renault a porté plainte contre X et qui fait désormais l'objet d'une enquête préliminaire. Selon le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, il s'agit d' «une affaire complexe qui nécessitera des investigations internationales», la plainte visant «la fourniture d'éléments intéressant le secret économique français à une puissance étrangère», non dénommée.
L'avocat du constructeur automobile, Maître Jean Reinhart, a indiqué que Renault avait versé au dossier toutes les informations collectées dans le cadre de l'enquête en interne diligentée en août 2010, lorsqu'il a pris connaissance d'éventuels actes d'espionnage. De leurs côtés, les trois cadres mis à pied nient en bloc les accusations portées contre eux.
Michel Balthazard, membre du comité de direction de Renault, un de ses adjoints, Bertrand Rochette, responsable des avant-projets, et Matthieu Tenenbaum, directeur de programme adjoint du véhicule électrique, risquent un licenciement pour faute grave, qui peut désormais intervenir à tout moment. «On peut tirer la conclusion qu'une lettre de licenciement pour faute lourde va nous être adressée», a déclaré vendredi l'avocat de Michel Balthazard, Maître Xavier Thouvenin.
Des «soupçons de corruption»
D'après le journal Le Monde vendredi, l'enquête interne de Renault n'évoquait que des «soupçons de corruption» et ses responsables réclamaient trois mois de plus pour étayer leurs investigations. Selon le quotidien, les deux auteurs de ce rapport d'investigation, un ancien membre du Technocentre de Renault et un ex-policier, se sont appuyés sur le travail d'un enquêteur privé qui a travaillé seul et transmis ses informations de manière informelle.L'enquête, entamée en août 2010, a été déclenchée après l'envoi d'une lettre anonyme comprenant trois noms, dont celui de Michel Balthazard, le plus important des trois cadres incriminés, membre du comité de direction de Renault, affirme Le Monde. Des soupçons pesant sur ce dernier étaient apparus 18 mois plus tôt, après une première lettre anonyme adressée à la sûreté dans laquelle son nom apparaissait. Le nom de Bertrand Rochette, l'un de ses adjoints, n'apparaît pas dans ces lettres, tandis que celui de Matthieu Tenenbaum, directeur de programme adjoint du véhicule électrique, n'est cité qu'allusivement que dans la seconde missive. La sûreté du constructeur soupçonne Michel Balthazard d'avoir supervisé l'opération et joué le rôle de recruteur de ses deux collaborateurs, selon le Monde.
«Nous avons estimé qu'au bout de quatre mois d'investigations nous avions suffisamment d'information pour la mise à pied des trois personnes», a réagi Renault. Maître Thouvenin, l'avocat de Michel Balthazard, a demandé que l'enquêteur privé de Renault soit entendu par la police. «Cette histoire risque de se dégonfler très vite si cet enquêteur privé n'a rien d'autre à nous apporter», estime-t-il. L'affaire Renault semble avoir pris de court le gouvernement français. Le ministre de l'Industrie Eric Besson a regretté de n'en avoir eu vent qu'au dernier moment début janvier.
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