Selon plusieurs informations concordantes obtenues de sources sécuritaires présentes au Niger, Mokhtar Belmokhtar, l’un des deux seconds d’Abdelmalek Droudkel, émir d’Al Quaïda au Maghreb Islamique, serait « sur le point » de prendre la tête de la franchise terroriste sahélo-maghrébine. Alors que Droudkel, après un très long silence, a transmis un message audio dimanche 9 Janvier qui a été authentifié par plusieurs services de renseignement, cette résurgence du chef historique d’AQMI ne devrait pas enrayer la montée en puissance irrésistible de Belmokhtar.
Ce dernier est soupçonné d’être à l’origine du dernier fait d’armes d’AQMI, l’enlèvement en plein Niamey de deux français, puis leur exécution à la frontière du Mali après que son commando ait été pris en chasse par la garde présidentielle nigérienne appuyée par des forces spéciales françaises basées dans la région. Pour les responsables sécuritaires impliqués dans la lutte antiterroriste dans le Sahel, la montée en puissance de Mokhtar Belmokhtar ne peut être lue qu’à travers sa rivalité avec l’ « autre » émir d’AQMI, Abdelhamid Abou Zeid. Ce dernier, considéré comme plus « puriste » que Belmokhtar, ne dispose pas des mêmes capacités financières que son « collègue », bien qu’ayant structuré des réseaux de financements quasi similaires, basés sur le narco-trafic, la contrebande, ainsi que l’industrie de l’enlèvement d’occidentaux. Quant à Abdelmalek Droudkel, le chef historique d’AQMI, son positionnement au nord du Sahel, probablement dans le sud algérien, lui donne une marge de manœuvre plus réduite du fait de l’activité intense de l’armée algérienne pour tenter de contenir ses Katibas. D’un point de vue global, c’est le centre de gravité d’AQMI qui est en train de dangereusement glisser vers le sud, comme en atteste l’enlèvement des deux français perpétré un vendredi soir dans un restaurant très fréquenté de Niamey, qui démontre la confiance nouvelle des « Katibas » sous les ordres de Belmokhtar, ainsi que leur volonté d’investir de plus en plus des états dits « faibles » ou « Failed States », ce qui leur permet d’asseoir un peu plus leurs bases arrières logistiques. Pour les pays bordant le Sahel, cette évolution est une très mauvaise nouvelle, car AQMI est en train de connaître des développements de type mafieux, et investit ainsi les cercles proches des pouvoirs des pays en difficulté financière, achetant des soutiens grâce à l’argent issu du trafic. Selon certaines analyses pessimistes, le mouvement pourrait même aller jusqu’à l’établissement d’un « AQMISTAN », une zone refuge, qui, sans aller jusqu’à l’état constitué, serait sous le contrôle total des extrémistes islamistes d’Al Qaïda.
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